L’humanité et les jeunes du monde entier sont aujourd’hui confrontés à une crise systémique sans précédent. La catastrophe écologique, les guerres qui s’étendent et s’aggravent, la progression mondiale du nationalisme et des mouvements fascistes ne sont que quelques uns des symptômes de la crise profonde dans laquelle l’ordre mondial existant a plongé l’humanité. Le système capitaliste mondial, dans sa quête effrénée de profit, ne s’arrête ni devant l’humanité ni devant la nature. Reproduisant chaque jour la pauvreté, la misère et la violence, il détruit ainsi les bases naturelles de notre existence. L’isolement social, l’effondrement des structures sociales et le transfert des conséquences de la crise vers le bas entraînent une paupérisation rapide d’une grande partie de l’humanité. Où que nous regardions, nous voyons les conséquences fatales et imbriquées de multiples crises.
Contrairement à ce qui a été affirmé après l’effondrement du socialisme réel, le début du 21èm siècle n’est pas synonyme de « fin de l’histoire », mais plutôt d’une lutte acharnée aux quatre coins du globe, du Moyen-Orient à l’Europe de l’Est en passant par l’Océan Pacifique, pour la mise en place d’un nouvel ordre mondial. Au milieu des affrontements que se livrent les puissants de la planète, des millions de personnes se sont mises en quêtes d’alternatives à l’ordre existant, partout dans le monde. Les récents soulèvements ont montrés que ce sont surtout les jeunes et les femmes qui sont à la tête des mouvements de protestation, et qu’avec une grande volonté ils et elles luttent jusqu’au sacrifice pour un autre monde.
La révolution en cours au Kurdistan et dans les pays voisins a attirée l’attention de la communauté internationale. L’autogestion démocratique au Kurdistan, et en particulier la révolution du Rojava depuis 2012, sont devenus une source d’espoir et d’inspiration pour toutes celles et tout ceux qui, dans le monde, luttent pour un changement social fondamental. La tentative d’instauration d’une démocratie sans État, les acquis en matière de libération des femmes et les succès obtenus dans la construction d’une économie communautaire et écologique sont autant d’exemples de ce à quoi peut ressembler une alternative à l’ordre dominant.
Nous sommes convaincus que pour trouver une réponse à la crise mondiale et faire face aux attaques globales contre nos vies, une coopération plus étroite entre les organisations de jeunesse démocratiques et anticapitalistes est nécessaire. Afin de créer des plateformes d'échange et de mise en réseau, de faire connaître l'idée de l'autogestion démocratique et de discuter d'un confédéralisme démocratique mondial de la jeunesse, les mouvements de jeunesse du Kurdistan et du Moyen-Orient ont organisé ces dernières années de nombreuses conférences, débats et rencontres. Des liens importants se sont ainsi créés et ont débouchés sur une collaboration à long terme.
En tant que « Ronahî – Centre de jeunes pour les relations publiques », nous voulons poursuivre ce travail et continuer à promouvoir l’échange entre les mouvements de jeunesse au Kurdistan et les mouvements de jeunesse démocratiques, anticapitalistes, féministes et écologiques du monde entier. Pour ce faire, nous entretenons des échanges étroits avec des organisations de jeunesse au Kurdistan, en Irak, en Iran, en Syrie, en Turquie et en Europe, et nous essayons de jeter des ponts et de promouvoir la compréhension mutuelle par un travail d’information et d’éducation. Nous nous concentrons principalement sur les domaines suivants :
1. l’information et l’éducation
En tant que Ronahî, nous travaillons à informer sur les luttes sociales et politiques au Moyen-Orient et en particulier au Kurdistan, ainsi qu’à mettre en perspective les développements et événements actuels et à les rendre accessibles. En outre, nous voulons informer sur les liens entre les événements sur place et la politique internationale. Nous souhaitons tout particulièrement informer sur les luttes de la jeunesse sur place et approfondir ainsi l’échange entre les différents mouvements de jeunesse au Kurdistan et les jeunes du monde entier.
2. échange et information
Nous voulons créer des plates-formes d’échanges et de savoirs entre les différentes organisations de jeunesse et, grâce à un travail éducatif continu, diffuser les connaissances sur les luttes au Kurdistan et au Moyen-Orient et transmettre les idées qui les sous-tendent. Ainsi, nous espérons non seulement pouvoir informer sur le développement local de la lutte, mais aussi dégager des principes communs qui peuvent nous rapprocher dans le combat pour un autre monde.
3. relier les luttes – créer des réseaux !
La crise à laquelle nous sommes confrontés est une crise mondiale. Toutes les approches qui considèrent les problèmes comme locaux, régionaux ou nationaux et qui ne prennent pas en compte la situation mondiale sont vouées à l’échec. Si nous voulons trouver une solution à ces crises multiples, nous devons nous unir à l’échelle mondiale et lutter ensemble et en réseau pour notre avenir. Avec Ronahî, nous voulons construire des ponts et travailler ensemble à la mise en réseau internationale des mouvements de jeunesse démocratique.
Ronahî – Centre de jeunes pour les relations publiques
31. 12. 2022